Pourquoi mon chat respire fort quand il dort et comment je peux l'aider ?
a. Le ronflement naturel chez les chats
Comme chez nous, le ronflement occasionnel du chat n'est pas inquiétant. Certains ronflent quand ils dorment sur le dos par exemple, mais pas que.
Le ronflement est dû aux vibrations des tissus mous respiratoires situés dans la gorge. Il faut donc rester vigilant, car le ronflement peut être le premier symptôme d'une atteinte respiratoire des voies respiratoires hautes, qui peut ensuite dégénérer en affection des voies respiratoires profondes comme le poumon.
b. Les ronflements liés au surpoids et à l'apnée du sommeil
Comme chez l'Homme, l'obésité est un des principaux facteurs du ronflement. Votre chat stérilisé qui aura plus tendance à l'embonpoint aura donc des chances de se mettre à ronfler intempestivement...
Toujours comme chez l'Homme, le chat peut souffrir d'apnée du sommeil, c'est un moment pendant lequel le chat arrête de respirer dans sa phase de sommeil paradoxal. Il ronfle alors très bruyamment et peut haleter. Les chats les plus à risque sont les chats obèses, les races brachycéphales et les chats mous sans beaucoup d'activité physique. Le contrôle du poids de votre boule de poils est essentiel à sa santé !
c. Les ronflements chez les races de chats brachycéphales
Vous avez peut-être déjà entendu parler des races de chiens brachycéphales, c'est-à-dire avec le nez écrasé, mais ils existent aussi des chats brachycéphales : le Persan, le Burmese, l'Himalayen, l'Exotic Shorthair ou le British Shorthair en sont des exemples. C'est un hypertype sélectionné par l'Homme pour des choix uniquement esthétiques et qui engendre de graves problèmes de santé chez ces animaux.
Ils présentent des voies nasales raccourcies et obstruées, des canaux lacrymaux bouchés, un voile du palais allongé (ce qui gêne le passage de l'air dans la trachée). Ces spécificités créent des problèmes respiratoires, dont des ronflements : l'air a du mal à circuler dans ces voies trop petites, le chat doit faire un véritable effort pour inspirer, et le cœur se fatigue plus vite. Leur espérance de vie en est souvent réduite.
d. Les ronflements causés par les polypes
Les polypes nasaux sont des excroissances molles de muqueuse qui poussent dans les cavités nasales. C'est une tumeur souvent bénigne en elle-même, mais qui peut gêner le passage de l'air et entraîner des ronflements. Cependant, des complications des voies respiratoires plus profondes peuvent apparaître comme une sinusite ou une infection bronchopulmonaire.
Ils sont dus à une infection, un processus inflammatoire, une allergie, un corps étranger ou peuvent être tumoral et apparaitre spontanément, c'est alors un papillome, qui peut évoluer en cancer. Il peut aussi être lié à une affection congénitale. La cause n'est souvent pas connue.
Il est conseillé de les enlever chirurgicalement pour éviter toute complication.
e. Les ronflements et les allergies
Les chats peuvent être allergiques à des particules présentes dans l'air comme des poussières, des acariens ou du pollen. Les aérosols, parfums d'intérieurs et fumées de cigarette aggravent les allergies. Ces allergies entraîneront une production excessive de mucus dans les voies respiratoires ce qui peut gêner la circulation de l'air lors de la respiration et donc créer des bruits respiratoires et notamment des ronflements.
Les symptômes peuvent être dermatologiques et associés à une inflammation des yeux, des larmoiements, une otite et des écoulements nasaux. Ils peuvent être liés aux saisons.
Différents traitements peuvent être mis en place par votre vétérinaire, mais ils sont souvent inefficaces. Une désensibilisation peut même être mise en place, mais les preuves de son efficacité sont encore rares... Vous pouvez commencer par supprimer les sources d'aggravations comme les fumées de cigarettes, aérosols (déodorants, shampoings secs) et parfums d'intérieur.
f. Les ronflements causés par un corps étranger
Il est tout à fait possible qu'une herbe, une écharde ou un épillet se soit planté dans les cavités nasales ou dans la gorge de votre animal. Votre chat peut alors se mettre à ronfler soudainement à cause de ce corps étranger.
C'est essentiel de le faire retirer rapidement par un vétérinaire avant qu'un abcès ne se crée ou que d'autres complications graves surviennent.
g. Les ronflements causés par une infection dentaire
Les problèmes buccaux dentaires sont assez fréquents chez le chat et peuvent avoir d'importantes conséquences. Une infection des molaires supérieures peut rapidement atteindre la région du nasopharynx si elle n'est pas traitée et alors entraîner une obstruction des voies respiratoires ce qui peut créer des bruits respiratoires.
La surveillance régulière de la santé buccale de votre félin est essentielle. Vous pouvez vous même regarder l'intérieur de la bouche de votre compagnon pour vérifier que les dents paraissent propres et la gencive rose partout. Votre vétérinaire fera une vérification plus complète lors de votre visite annuelle.
h. Les ronflements dus à une tumeur nasale
Les tumeurs des cavités nasales sont rares chez le chat, mais explique 1/3 des atteintes chroniques des cavités nasales. Malheureusement, elles sont souvent malignes et attaquent les tissus voisins. La cause la plus fréquente est le lymphome : cancer des globules blancs ou le carcinome nasal : cancer des cellules superficielles des fosses nasales.
Il est essentiel de les retirer chirurgicalement mais souvent la zone est difficile d'accès et rend l'opération difficile, il est parfois impossible de retirer toute la masse et avec des marges saines.
i. Les ronflements liés à une maladie respiratoire
Beaucoup de maladies respiratoires peuvent comporter dans ses symptômes les ronflements. Il faut donc être attentifs aux autres symptômes respiratoires que nous détaillerons dans la partie suivante. Les maladies les plus fréquentes sont le coryza et ses conséquences et l'asthme.
Comment savoir si mon chat a des difficultés à respirer ?
a. À partir de quand s'inquiéter du chat qui ronfle en dormant ?
b. Quels sont les principaux troubles respiratoires qui causent ces symptômes ?
La rhinosinusite chronique
C'est l'affection la plus courante dans l'espèce féline. Elle touche les chats de tout âge. Le chat en est atteint toute sa vie et les symptômes peuvent réapparaître régulièrement : nez bouché qui peut couler, éternuements et bruits respiratoires. La cause est incertaine, mais c'est sûrement lié à une infection antérieure comme le coryza.
Le syndrome coryza
Le coryza est une infection par un ou des microbes qui peuvent être des virus ou des bactéries, qui atteint souvent le jeune et qui se résout en 7 à 10 jours. Cependant, le chat peut transmettre sa maladie pendant 3 semaines et peut la porter toute sa vie et la réactiver à certains moments, il redeviendra contagieux et symptomatique.
Les symptômes sont les éternuements, les écoulements nasaux et oculaires, l'abattement et la fièvre et parfois des inflammations de la gencive.
Le coryza peut être le déclencheur de formations de polypes nasaux ou de déformations des cornets nasaux.
Le syndrome obstructif respiratoire des races brachycéphales (SORB)
Comme vu précédemment, les chats brachycéphales hypertypés sont sujets à des problèmes respiratoires. Il est parfois nécessaire d'avoir recours à une chirurgie pour aider l'animal à respirer normalement.
La paralysie laryngée
C'est une paralysie des muscles qui ouvrent la glotte et qui permettent le bon passage de l'air. La glotte est le carrefour entre le pharynx, qui mène dans l'oesophage, c'est le trajet de l'eau et des aliments, et le larynx qui mène dans la trachée, c'est le trajet de l'air. Cette affection est plus fréquente chez le chien, mais existe aussi chez le chat.
Souvent, les symptômes apparaissent à l'effort ou lors d'épisodes de stress ou de chaleur. Ce sont des bruits respiratoires caractéristiques appelés "cornage", et une toux et parfois des vomissements des suites de la prise d'aliment ou d'eau dus à une fausse déglutition.
Le traitement est chirurgical : le cartilage qui doit normalement s'ouvrir et se fermer grâce aux muscles du larynx, paralysés dans cette affection, est maintenu ouvert. Le risque est que cette intervention favorise les fausses déglutitions : l'animal devra manger en repas fractionnés et en hauteur.
La bronchite chronique asthmatiforme du chat
C'est une inflammation des voies profondes ce qui crée du mucus qui bouche et enflamme les bronches. Cela est souvent dû à l'allergie. Les Siamois y sont prédisposés, mais c'est une affection fréquente chez le chat. L'évolution peut être lente ou peut arriver par crise. Vous observez des difficultés respiratoires et un sifflement à l'expiration.
La sténose nasopharyngée
C'est le rétrécissement de la cavité nasopharyngée, c'est une affection relativement rare. Elle peut être due à un processus inflammatoire des suites d'une affection ou d'allergies, un corps étranger, un traumatisme, une tumeur, ou peut être congénitale.
c. Que faire si j'observe plusieurs de ces symptômes ?
Se diriger vers son vétérinaire
Votre premier réflexe doit être de vous diriger vers votre vétérinaire qui fera une auscultation poussée grâce à son stéthoscope des bruits respiratoires et un examen clinique complet. Il saura mettre ces informations en communs avec les symptômes que vous lui décrivez pour vous proposer des examens complémentaires et ainsi trouver un diagnostic et un traitement pour aider votre petit compagnon.
Les examens complémentaires possibles
Les principaux examens complémentaires peuvent être l'imagerie (radiographie, scanner et échographie), l'oxymétrie (mesure de la saturation en oxygène) et l'endoscopie. Cette dernière méthode peut donner beaucoup de renseignements, c'est une petite caméra qu'on insère par le nez ou la bouche pour explorer les différents étages des voies respiratoires. Elle permet également de faire des biopsies, c'est le prélèvement d'un petit fragment de muqueuse qui sera analysé pour affiner le diagnostique. Enfin, elle va permettre de réaliser un lavage broncho-alvéolaire pour éliminer les agents infectieux par exemple.
Les traitements
Le traitement sera différent selon le diagnostic établi, voici une liste non-exhaustive des possibilités. Il peut être médical : diminution de l'inflammation, élimination des agents pathogènes, nébulisations ; chirurgical : retrait des tumeurs et polypes, chirurgie de la paralysie laryngée, interventionnel : lavage broncho-alvéolaire ; et hygiénique : supprimer les agents allergènes, gérer l'obésité.