Comment protéger mon chien contre les piqûres de chenilles processionnaires ?

a. Qu'est-ce que les chenilles processionnaires ?

‍

Les chenilles processionnaires sont des larves d'insectes ravageurs. Appelées scientifiquement Taumethopoea pityocampa et Thaumetopoea processionea, on les nomme ainsi car leur mode de déplacement est en file indienne, formant une longue procession.

‍

En France, on peut en trouver deux types : les chenilles processionnaires des pins, qui sont les plus fréquentes, et les chenilles processionnaires du chêne. Elles se nourrissent de ces végétaux pour se développer. Elles sont très toxiques pour les animaux via les poils urticants présents sur leur dos appelés "soies". Lorsque les chenilles se sentent en danger, elles se défendent avec ces soies qui agissent comme des milliers de petites aiguilles qui délivrent du venin.

‍

b. Les périodes d'intoxications

‍

Les chenilles sont urticantes lors de la nidification et de la procession, c'est-à-dire de novembre à avril pour la processionnaire du pin et d'avril à juillet pour la processionnaire du chêne. La période à risques s'étale donc sur une grande partie de l'année, mais peut varier d'une région à une autre.

‍

c. La répartition en France

‍

Les chenilles processionnaires sont très présentes en France, mais dans des départements qui diffèrent en fonction des espèces. On retrouve la processionnaire du pin dans tout le pays à l'exception du Nord-Ouest. Mais elles sont plus étendues que les processionnaires du chêne que l'on retrouve plus au Nord qu'au Sud.

‍

Cependant, elles peuvent être retrouvées dans quelques régions du sud. Leur répartition pourrait s'accroître encore et s'étaler en Europe si les températures continuent d'augmenter à cause du réchauffement climatique.

‍

a. L'envenimation causée par les poils urticants

‍

Les soies des chenilles processionnaires sont des poils urticants qui peuvent être propulsés dans l'air en guise d'alerte ou projetés sur un agresseur lorsque les chenilles se sentent en danger. Votre poilu peut donc entrer en contact avec la chenille directement s'il la renifle, la lèche, la mâchonne ou l'ingère ; mais il peut également développer les symptômes d'une envenimation sans contact direct avec la chenille s'il est touché par les soies dispersées par le vent. Une fois sur votre animal, les soies peuvent se casser et libèrent alors du venin et des toxines.

‍

b. Quels sont les symptômes d'une envenimation par une chenille processionnaire ?

‍

Les poils urticants, responsables de multiples lésions vont avoir deux actions pathogènes :

‍

• Une réaction allergique causée par une protéine appelée la "thaumétopoéine", présente dans le venin.
• Une irritation violente : altération de la peau, des yeux et des appareils respiratoire et digestif causée par la libération de toxines. Cette action mécanique a lieu surtout si votre animal mâchonne ou mange une chenille.

‍

Les symptômes que vous pourrez observer chez votre chien seront une douleur très vive, immédiate et brutale, un gonflement immédiat des babines accompagné d'une salivation excessive.

‍

C'est un cercle vicieux car votre chien va tenter de lécher la partie de son corps qui lui fait mal et va ainsi introduire des soies dans sa gueule, les casser et libérer le venin. Il peut alors y avoir une inflammation au niveau de la bouche, pouvant conduire à de nombreuses lésions comme des ulcères buccaux ou à une nécrose de la langue.

‍

Les yeux et les voies respiratoires peuvent aussi être touchés, notamment par la présence d'une conjonctivite (inflammation de la muqueuse oculaire) ou d'un œdème laryngé (gonflement des voies respiratoires au niveau du cou). Enfin, votre animal peut déclencher des symptômes plus généraux comme des vomissements ou des diarrhées, voire des convulsions.

‍

c. Quels sont les dangers d'une envenimation par une chenille processionnaire ?

‍

Il y a deux principaux dangers lors d'une envenimation par des chenilles processionnaires :

‍

• Tout d'abord une réaction allergique violente pouvant aller jusqu'au choc anaphylactique peut entrainer une détresse respiratoire et engendrer la mort de votre chien.
• Le deuxième danger important suite au contact des poils urticants est la nécrose de la langue. En effet, le tissu de la langue peut rapidement se détruire par mort cellulaire. Cette mort cellulaire peut engendrer une telle douleur ou une telle gêne que votre chien risque de rencontrer des difficultés pour avaler et donc de ne plus s'alimenter correctement.

‍

Dans certains cas, il peut donc s'agir d'une urgence vitale !

‍

a. Que faire si mon chien a mangé des chenilles processionnaires et comment calmer une "piqûre" ?

‍

Il faut agir au plus vite pour limiter les nécroses qui s'aggravent avec le temps. Il faut donc rapidement emmener votre petit protégé dans une clinique vétérinaire afin qu'il soit pris en charge correctement. Il s'agit d'une urgence qui peut engager le pronostic vital de votre animal.

‍

Ne tentez surtout pas de toucher les plaies de votre poilu, car vous risqueriez de casser les soies en frottant, et ainsi d'aggraver encore plus l'état des plaies. Vous devez mettre des gants avant tout contact, et rincer abondamment la bouche de votre chien avec de l'eau froide durant 10 à 15 minutes.

‍

b. Les traitements réalisables par votre vétérinaire

‍

Le but du traitement est de stopper la nécrose. Différents traitements peuvent être proposés et s'adaptent à l'état de chaque animal :

‍

• Si votre chien est pris en charge par le vétérinaire moins d'une heure après le contact avec les soies, des soins locaux pourront être mis en place. Pour éviter les nécroses, les poils urticants pourront être retirés délicatement sans les casser à l'aide d'une bande adhésive ou d'une compresse humide. D'autres soins seront possibles tels qu'un rinçage abondant à l'aide d'une solution adaptée, une désinfection ou une anesthésie locale.

‍

• Un traitement général pourra être mis en place. La douleur engendrée par les lésions empêche votre chien de s'alimenter et de s'abreuver, donc il pourra être mis sous perfusion et sondage afin de le nourrir correctement. Divers médicaments peuvent être prescrits, adaptés à la réaction développée par votre poilu : des antibiotiques, des anti-inflammatoires à action rapide, de l'héparine pour limiter la nécrose, les antihistaminiques si votre chien a développé une réaction allergique, ou encore des anticoagulants.

‍

• En différé, un traitement chirurgical est possible, par une amputation de la langue pour retirer les zones nécrosées. C'est cependant une chirurgie qui reste assez complexe.

‍

Dans ces cas d'urgence liés à l'envenimation par des chenilles processionnaires, souscrire à une assurance pour chien peut être d'une grande aide, car les frais vétérinaires peuvent être très élevés.

‍

Nos animaux de compagnie ayant accès à l'extérieur sont tous exposés au risque des chenilles processionnaires, cependant, les chiens et notamment les chiots, par leur caractère plus curieux explorateur et gourmand y sont plus exposés que leurs compagnons les chats.

‍

a. Savoir reconnaître ces insectes

‍

Être capable de reconnaître les chenilles processionnaires peut éviter bien des soucis à votre animal. Si vous détectez un nid de chenilles processionnaires dans votre jardin ou si vous repérez une procession lors d'une balade, vous pourrez empêcher votre animal d'aller sentir ou ingérer ces chenilles toxiques.

‍

b. Mettre en place des méthodes de lutte contre ces nuisibles

‍

Pour lutter contre les chenilles processionnaires, il faut empêcher les papillons de se reproduire et/ou empêcher les processionnaires du chêne de se rendre dans les nids et les processionnaires du pin de descendre de l'arbre pour aller dans les sols meubles.  Il faut veiller à réaliser une lutte efficace dans le temps et qui respecte l'environnement. Plusieurs méthodes sont possibles :

‍

- La lutte mécanique

Une possibilité est de détruire ces insectes ravageurs. La destruction de ces chenilles pendant leur procession est à éviter car elle est dangereuse du fait que des poils urticants pourraient être projetés partout dans l'environnement.

‍

Cependant, la destruction des nids en hiver avant la période à risque est possible mais uniquement réalisable par des professionnels. Pour détruire les nids les professionnels pulvérisent de l'eau savonneuse sur ceux-ci, puis les décrochent et les brulent.

‍

La pose de pièges sur les arbres est possible dans le cas de la chenille processionnaire du pin, car elle descend de l'arbre pour poursuivre son développement dans le sol. Un piège appelé le collier à interception est installé autour du tronc avant janvier pour réceptionner les chenilles durant leur descente.

‍

- La lutte biologique

La lutte biologique consiste à favoriser la présence de prédateurs naturels comme les chauves-souris ou certains oiseaux autour des nids de chenilles processionnaires. On peut par exemple installer des abris à chauve-souris, des nichoirs pour les mésanges ou les coucous gris. Ces abris qui constituent des pièges écologiques doivent être installés en début d'automne.

‍

- La lutte microbiologique

La lutte microbiologique consiste à répandre des bactéries dans les feuillages des arbres infestés de chenilles processionnaires. Cette application peut avoir lieu au mois de mai par pulvérisation à partir du sol mais elle n'est pas très respectueuse de la biodiversité car elle ne vise pas spécifiquement les chenilles processionnaires mais également d'autres insectes du genre des Lépidoptères.

‍

c. La chenille processionnaire aussi un danger chez l'humain

‍

Les poils urticants des chenilles processionnaires sont aussi très urticants pour l'homme. Ils peuvent toucher la peau, les yeux et les voies respiratoires.

‍

Savoir se protéger

‍

Pour vous protéger, il ne faut pas approcher ni toucher les chenilles et surveiller vos enfants lorsqu'ils jouent dans le jardin pendant les périodes à risque. Si vous consommez des fruits et légumes cueillis à proximité d'arbres infestés, veillez à bien les laver avant de les manger. Enfin, lors de balade en forêt, il est conseillé de porter des vêtements longs et d'éviter de se frotter les yeux.

‍

Comment réagir en cas d'exposition ?

‍

En cas de symptômes (rougeurs, démangeaisons, urticaire...) vous pouvez appeler votre médecin ou un centre antipoison. Si des signes plus graves apparaissent tels qu'une réaction allergique importante entrainant des problèmes respiratoires, appelez immédiatement le 15 ou le 112.

‍